Une polysémie construite au travers des siècles et des disciplines
La 1ère apparition du mot « empowerment » remonte au VIIème dans les textes dans un ouvrage du XVIIème sur le règne du roi Charles d’Hamon L’Estrange en 1655. Il contient des extraits des lettres du Pape. L’auteur emploie empowerment au sens d’autorisation, de licence (bestow), c’est-à-dire le pouvoir de déléguer son pouvoir, en l’occurrence “autoriser à construire un collège, reconnaître ou octroyer le droit de… (Lincoln et al , 2002)
Trois siècles plus tard nous constatons que l’empowerment désigne à la fois une chose et son contraire – un cas fort intéressant d’énantiosémie. Ainsi l’empowerment caractérise à la fois le mouvement descendant de l’autorité qui transfert un peu de son pouvoir à un subordonné et la dynamique ascendante de libération des personnes opprimées, vulnérables, soumises. Que s’est-il passé pour que ce terme connaisse un tel retournement ?
A partir du XVIIème siècle, l’Europe a été traversée par des mouvements de pensée annonciateurs de la démocratie. Puis elle a connu la révolution française, les droits de l’homme et les revendications d’égalité et d’accès à la citoyenneté, le syndicalisme, la demande de participation croissance de la société civile dans la conduite des affaires de l’Etat… L’éveil de la conscience de soi et de sa condition apparaissent comme des étapes majeures pour l’empowerment. Tant il vrai qu’il ne peut y avoir de liberté individuelle, de pensée autonome ni de velléité d’émancipation sans cette conscience indépendante conquise sur les systèmes dominants que sont les organisations religieuses, sociales, économiques, éducatives, politiques et juridiques que Max Weber (1978) qualifie de cages de fer.
La dynamique émancipatrice part de la base pour conquérir des ressources, savoirs, compétences. Elle interroge la structure du pouvoir et les circuits d’influence dans la société. Elle porte en elle les ferments d’une transformation socio-politique. En ce sens, l’histoire de l’empowerment livre une forme abrégée de la démocratie en action, ce jeu « des forces antagonistes qui développent leurs stratégies autour des pouvoirs » (Tinland, F., 1985),
L’empowerment : point de convergence de forces antagonistes autour de la notion de pouvoir
Etudier l’empowerment, c’est vouloir comprendre les mécanismes utilisés par
- les détenteurs d’une autorité, d’un bien, d’une connaissance, pour partager ce pouvoir sans pour autant le concéder totalement.
- les personnes contraintes et vulnérables pour déconstruire les relations de dépendance et s’émanciper selon un mouvement.
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Etymologie
Perspective historique
Concept transdisciplinaire
Bibliographie